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Page présentée par Géraldine et Emilie

Quelles sont les attentes des lycéens de Terminale face aux études supérieures, comment se représentent-ils les différentes filières, sur quels critères s'opère leur choix final ?

C'est l'objectif de l'étude "qualitative", la première du genre, réalisée par les S.A.I.O des rectorats de Grenoble et Lyon, en partenariat avec le conseil régional Rhône-Alpes : " Les lycéens face à l'enseignement supérieur en région Rhône-Alpes. Projet d'études, attentes et représentations ", décembre 1996.  Point de départ de cette enquête : la volonté de comprendre les changements de comportement des lycéens afin de pouvoir les informer de manière précise et différenciée sur les conditions réelles d'accès à chaque filière.

A la différence des années 80, de plus en plus de bacheliers, y compris des bacheliers technologiques, se tournent depuis le début des années 90 vers la filière universitaire, "une tendance nouvelle qui s'est accompagnée d'une grande instabilité de la demande, indique Michel Brosse, l'un des auteurs de l'étude. Jusqu'en 1992, il y a eu un engouement massif pour les filières professionnelles en 2 ans, B.T.S et I.U.T.  Cet engouement s'est retourné en faveur de l'université pendant quatre années ; en 1996, la tendance s'inverse à nouveau, avec une baisse des projets pour les filières universitaires".

Complément de l'enquête "quantitative" A.D.E.S sur l'orientation de l'ensemble des bacheliers rhônalpins, l'étude "qualitative" qui nous préoccupe ici, a été réalisée auprès d'un échantillon de 4 000 lycéens de la région. Elle a été précédée d'entretiens semi-directifs auprès d'environ 80 élèves de terminale en novembre 1995, puis d'un questionnaire-test en janvier 1996 auprès de 400 élèves. 

Premier enseignement : les élèves de terminale structurent leur projet autour d'une double inquiétude, celle de la sélection à l'entrée et celle des débouchés à la sortie. "On peut dire qu'ils ont une vision utilitariste de leurs études et qu'ils construisent leur projet en fonction des contraintes économiques", analyse Michel Brosse. De plus, ils sont très angoissés par la phase apparente de la sélection. "Il en résulte qu'il reste des places vacantes en section de technicien supérieur perçue comme une filière sélective, alors que la sélection en D.E.U.G n'est pas appréhendée dans sa réalité ". Autre indication de l'étude : les lycéens évaluent les avantages et les inconvénients de chaque filière pour se déterminer. "En D.E.U.G, l'inconvénient de la surpopulation leur apparaît compensé par l'apprentissage de l'autonomie et le développement de la culture générale". De plus, les élèves qui s'orientent en D.E.U.G perçoivent cette filière comme une phase transitoire qui va leur permettre de repousser à un avenir plus lointain la confrontation avec le monde du travail et en même temps ajuster leur projet professionnel. L'étude a approfondi quelques tendances nouvelles et particulières, comme par exemple, l'augmentation (+ 21% entre 1991 et 1995) des inscriptions en sciences humaines et sociales.

Les élèves de terminale ayant ce projet sont essentiellement des filles issues des séries littéraire (L), économique et social (ES) et sciences et technologies tertiaires (STT). Leur projet d'entreprendre des études en sciences humaines semble relativement récent et fragile, et motivé par le souhait de développer leur culture générale. A cet égard, les élèves de l'enseignement technologique présentent un profil bien particulier : "celui de ne pas avoir une claire conscience des exigences d'une formation en DEUG par rapport à leur formation technologique et le sentiment d'être cette fois-ci à égalité avec les autres ", analyse Michel Brosse.

A souligner aussi l'engouement massif pour la filière STAPS : moins de 3 000 jeunes inscrits en 1992 en France, 11 000 en 1996 ! Aucune autre filière n'a vu ainsi sa population quadrupler en quatre ans. " Ce n'est pas un phénomène de mode. Il s'appuie sur un projet ancien construit à travers des réseaux propres comme ceux des clubs sportifs ou des profs de gym. Et plus que pour les autres étudiants, l'objectif premier est de parvenir au métier choisi avec cependant une vision idéalisée de la filière ".

Forte de cette radiographie de l'état d'esprit des lycéens, l'étude incite les établissements d'enseignement supérieur à annoncer clairement les critères de sélection et les conditions de réussite de leurs différentes filières. Et invite les lycéens à s'initier au fonctionnement réel du marché du travail à la lecture des enquêtes des S.A.I.O de Grenoble et Lyon sur l'insertion des B.T.S, et de l'O.U.R.I.P sur l'insertion des D.U.T et des diplômes universitaires.